Évolution de la pollution à l’ozone en Europe lors du premier confinement de la pandémie de Covid-19
Au printemps boréal de 2020, des confinements stricts ont été mis en place à l’échelle mondiale pour endiguer la propagation du virus Covid-19. Ils ont entrainé des réductions sans précédent de la circulation automobile et de l’activité industrielle, diminuant fortement les émissions de polluants anthropiques et induisant des changements significatifs dans la composition de l’atmosphère de l’échelle de la ville à l’échelle hémisphérique.
À l’aide d’une synergie inédite des observations satellitaires, des mesures in situ et des modèles de chimie-transport, une équipe française des scientifiques coordonnée par le laboratoire LISA/IPSL (UPEC / CNRS / Université de Paris Cité) a quantifié les modifications de la pollution à l’ozone en Europe associées à ce premier confinement.
Les observations satellitaires utilisées dans l’étude sont obtenues de l’approche multispectrale IASI+GOME2, en termes des différences entre 2020 et avant la pandémie. Les données spatiales sont ajustées pour quantifier uniquement l’effet du confinement à l’aide des simulations du modèle de chimie-transport CHIMERE. En confirmant les mesures in situ à la surface et en augmentant la couverture spatiale, elles ont mis en évidence une large réduction de la pollution à l’ozone de fond, associée aux nombreux confinements dans l’hémisphère nord. Sur le continent, une réduction de la pollution à l’ozone est remarquée dans les régions moins urbanisées et rurales, typiquement caractérisées par un régime photochimique lié à l’abondance d’oxydes d’azote. Cependant, une augmentation de la pollution à l’ozone est clairement mesurée dans les régions plus urbanisées, surtout en Europe centrale. Il s’agit de l’accumulation de l’ozone dans les zones où le puits de ce polluant a diminué par la réduction des émissions anthropiques de monoxyde d’azote. Ces estimations observationnelles de l’impact du confinement montrent aussi la difficulté des modèles à estimer son amplitude et étendue verticale.
Variations de concentrations d’ozone dans la très basse troposphère (entre la surface et 3 km d’altitude) en Europe dans la période 1-15 avril 2020. © LISA/IPSL